La representation de Ceilandia et ses habitants dans le cinema D’Adirley Queiros

Résumé

Ce travail analyse l’oeuvre d’Adirley Queirós, réalisateur brésilien basé à Ceilandia, la plus grande ville-satellite de Brasilia, qui sert à la fois de location et de fil conducteur dans ses films. La création de Ceilandia est le fruit du processus d’éloignement de la population pauvre/noire vers la périphérie urbaine lors du Plano Piloto – le fameux projet d’urbanisation et de modernisation de Brasilia élaboré par Lucio Costa en 1957 – à l’époque de la dictature civile-militaire. Cette forme de ségrégation, imbriquant classification sociale et racialisation, contredit les principes d’horizontalité du modernisme qui avait inspiré le projet de Brasilia (Holston, 1993; Gouvêa, 1998), est abordée dans le cinéma de Queirós à partir du regard des exclus. L’ensemble des films analysés ici transite entre le cadre du documentaire et celui de la fiction, et on y retrouvera souvent une problématisation de ces frontières, faisant référence imultanément à une certaine “réalité” sociale vécue par les sujets représentés et spéculant autour des espaces, des différences et des identités de Brasilia et de Ceilandia et même exagérant occasionnellement les effets de cette différentiation avec l’utilisation d’éléments de science fiction. Partant de la perspective de l’Étude Culturelle, l’article se centre sur la construction symbolique de Ceilandia et de ses habitants dans le cinéma de Queirós, en considérant les dimensions formelles de ces films, mais aussi leur dialogue avec le contexte socio-historique qui sous-tend les différents récits